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San Pedro, des atouts économiques à valoriser davantage

Situation géographique

Situé dans le Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire, à 368 km à l’Ouest d’Abidjan, le département de San Pedro couvre une superficie de 7 072 Km². Il est limité au nord par le département de Soubré, au sud par l’Océan Atlantique, à l’Ouest par le département de Tabou et à l’Est par le département de Sassandra.

Le relief du département est formé de plateaux et de collines de 600 m d’altitude maximum, de plaines avec un sol constitué de nombreux bas-fonds propices tant aux cultures de rente qu’aux cultures vivrières. La ville même de San Pedro se construit par endroits dans des bas-fonds, sillonnée de rivières, lacs, et bordée par l’Océan Atlantique.

Le climat est de type tropical humide, avec une pluviométrie moyenne de 1740 mm par an, et une température annuelle oscillant entre 26,4 et 27°c.

Démographie

Selon les projections des données du Recensement général de la population et de l’habitat en 2013, la population du département de San Pedro est estimée à 562 000 habitants, dont 140 000 habitent en ville et 422 000 en milieu rural.

Les populations autochtones, très accueillantes, sont minoritaires dans leurs villages. Dans la zone du Bas-Sassandra, comprenant San Pedro, Soubré et Sassandra, l’on dénombre officiellement 42,8% de populations étrangères.

Les populations autochtones de San Pedro sont principalement composées de trois groupes ethniques : Bakwé, Kroumen et winnin.

Leur contacts avec les premiers explorateurs et colons datent de 1460. De façon alternative vont suivre les hollandais au 16ème siècle, les anglais au 19ème siècle, et les français vers la fin du 19ème siècle.

Feu le président Félix Houphouet Boigny, le père de la nation ivoirienne, a décidé avec son gouvernement en 1968 de faire de San Pedro le second pôle économique de la Côte d’Ivoire, par l’aménagement de ce territoire, la construction de la ville de San Pedro, la création d’un port, la mise en place d’infrastructures routières, d’agro-industries. Ce travail a été confié à l’Autorité pour l’aménagement de la région du Sud-Ouest (ARSO), créée par décret en 1969.

L’ARSO a également travaillé à l’insertion de certains déguerpis du barrage de Kossou dans la région du Sud-ouest. Les populations allochtones actuelles ont donc commencé à arriver à San Pedro en 1972, à la suite du déguerpissement de Kossou. Elles sont composées essentiellement des Baoulé et des wan. Le déplacement de la boucle du cacao dans la région du sud-ouest a également entrainé un afflux d’allochtones ivoiriens et d’étrangers de la sous-région ouest-africaine.

Infrastructures

Le département de San Pedro dispose de 1867 km de routes dont 199 km revêtues, 1657 km en terre et 11 km de voirie revêtue.

En hydraulique le département enregistre 168 pièces dont 20 pompes d’hydrauliques villageoises améliorées et 142 pompes à motricité humaine.

Religion, sport et culture

La ferveur religieuse est palpable dans le département de San Pedro, où de nombreuses communautés chrétiennes catholiques, protestantes, musulmanes et animistes vivent ensemble dans un esprit de respect mutuel et de tolérance religieuse.

L’église catholique compte de nombreuses paroisses et chapelles. Elle a été érigée en Diocèse en 1989 par scission de celle de Gagnoa, et s’apprête à construire une cathédrale.

A côté du harrisme où se retrouve un grand nombre d’autochtones de San Pedro, les méthodistes, pentecôtistes, célestes, évangéliques, et les chrétiens du réveil font partie de la grande communauté chrétienne du département.

La religion musulmane très vivante dispose de nombreuses mosquées dans les villes et villages du département.

L’animisme, surtout dans les villages, est la religion première de la plupart des populations qui progressivement se convertissent aux religions révélées.

En sport San Pedro dispose de 10 stades de football dont le plus grand est le stade de football « Auguste Denise », où évolue l’équipe championne de Côte d’Ivoire, le Séwé sport. Il existe six terrains de baskett-ball, huit de hand-ball, cinq de volley-ball et un de tennis. Les arts martiaux, surtout le karaté, la boxe sont pratiqués avec des clubs qui prennent part aux compétitions nationales.

Quatre centres culturels et huit bibliothèques dont une de l’Alliance française sont concentrées dans les villes de San Pedro et de Grand-Béréby. La population cosmopolite de San Pedro offre une diversité de cultures permettant d’apprécier, au plan de la musique et de la danse, le Bolo des Kroumen, le goly des Wan et des Baoulé, le Goumé des Malinké, de même que les riches danses des Yoruba du Benin, et des Mossi du Burkina faso.

Services publics
Préfecture, sous-préfectures, communes

Chef-lieu de région, San Pedro abrite une préfecture de région qui reste à construire dans des bâtiments dignes des performances économiques de la région et du département. Les services de la préfecture de région et ceux de la sous-préfecture centrale de San Pedro partagent le même bâtiment, peu espacé, mais construit dans une grande cours.

Depuis dix ans les travaux de construction du nouveau bâtiment de la préfecture de région, au quartier Balmer, sont arrêtés. L’actuel préfet de région et du département est Coulibaly Ousmane.

Le département de San Pedro est composé de cinq (05) sous-préfectures, notamment San Pedro, Grand-Béréby, Gabiadji, Doba et Dobgo. Il totalise 122 villages. L’on compte dans le département deux (2) communes : San Pedro et Grand-Béréby.

Plusieurs directions régionales sont implantées à San Pedro, notamment celles des Eaux et forêts, des Infrastructures économiques, du Commerce, des Affaires sociales, de l’Agriculture, de la Fonction publique, du Transport, du Tourisme, de la Culture et de la francophonie, etc.

Santé

Une direction régionale de la Santé et de la Lutte contre le sida et un district sanitaire ont en charge la gestion de la santé des populations du département. Des infrastructures sanitaires publiques et privées de différents niveaux reçoivent les populations dans les villes et certains villages du département, allant du Centre hospitalier régional (CHR), des cliniques modernes aux centres ruraux de santé.

De même, de nombreuses pharmacies privées dans les quartiers des villes et dans certains villages permettent l’accès des populations aux médicaments.

Education

Des écoles publiques et privées de l’enseignement primaire, secondaire général, de l’enseignement secondaire technique et professionnel ainsi que des écoles ou instituts supérieurs forment de nombreux élèves et étudiants.

Selon l’inspection de l’enseignement primaire de San Pedro, l’on y dénombre 168 écoles dont 23 privées.

Dans le secondaire public sept lycées et collèges publics sont enregistrés à San Pedro, Grand-Béréby, et Gabiadji, pendant que l’on compte dans le privé une dizaine de collèges.

Sécurité

Au niveau sécuritaire le département dispose d’une préfecture de police, et deux arrondissements dont un au quartier « Cité » et le second au quartier Bardot. Une légion de gendarmerie, la 5ème du pays, permet de sécuriser l’ensemble du territoire de la région avec quatre brigades, dont une au port de San Pedro.

Un camp militaire des Forces républicaines de Côte d’Ivoire est basé à San Pedro, notamment le Bataillon de sécurisation du Sud-Ouest (BSSO).

Un commandement de la marine, des directions régionales des Eaux et forêts et de la Douane sont présentes dans le département de San Pedro pour renforcer la sécurité dans d’autres secteurs.

Economie

L’activité économique qu’elle soit du secteur primaire, secondaire ou tertiaire, est soutenue par les activités du Port autonome de San Pedro (PASP). La croissance du PASP et l’évolution du département de San Pedro sont intimement liées.

C’est dans les années 60 que le gouvernement ivoirien a décidé de faire de San Pedro un pôle économique important à travers un programme ambitieux dit « opération San Pedro ». Ce programme avait pour objectifs la construction d’un port en eau profonde, la création d’une nouvelle ville, à savoir San Pedro, la création de grandes unités agricoles et des agro-industries.

La création d’un réseau routier reliant cet ensemble économique aux régions de l’hinterland national et aux pays limitrophes, faisait partie du programme qui a donné un grand coup de pouce à l’économie de la région du sud-ouest, devenue florissante grâce au PASP.

Agriculture et environnement

Le démarrage des activités du PASP en 1971 a favorisé le développement de vastes plantations agricoles, surtout pour les cultures pérennes, aidant au développement économique du département, mais affectant aussi le couvert forestier.

Cultures vivrières

Les cultures vivrières telles que l’igname, la patate, le manioc, le riz, le maïs, et les légumineuses, notamment l’aubergine, le gombo, le piment, le chou, le concombre, et la laitue sont pratiquées principalement par les femmes. Cependant, selon l’Office d’aide à la commercialisation du vivrier (OCPV), 75% des besoins alimentaires du département de San Pedro sont fournies par les autres régions productrices de la Côte d’Ivoire, notamment la banane plantain, le riz, l’igname, le manioc, les fruits et légumes, qui viennent pour la plupart des régions de Daloa, Soubré, Korhogo, Bouaké et Abidjan.

Cultures pérennes

Les plantations d’hévéa, de palmier à huile, de cacao et de café occupent de grands espaces dans le secteur agricole du département de San Pedro, posant parfois de graves atteintes à l’équilibre écologique de la région par des intrusions dans des forêts classées et parcs nationaux. Le département compte 255,5 ha de forêts classées à San Pedro, Rapides Grah, et dans la Haute Dodo.

Pour la campagne de cacao 2013-2014 le département de San Pedro, selon la délégation du Conseil de café-cacao, a commercialisé 170 000 tonnes de cacao et enregistré 24 acheteurs, 262 coopératives de base et 187 pisteurs pour 389 magasins codifiés.

L’exploitation forestière a aussi affecté le couvert forestier du département avec la présence de plusieurs opérateurs de scieries, notamment African industries, Bois et sciages d’Abidjan, SOFIBEX, Sciages et Moulure de Côte d’Ivoire, etc.

A côté du couvert forestier qui diminue considérablement, le phénomène de l’érosion marine commence à affecter les terres côtières de San Pedro.

La pratique de l’élevage et de la pêche ne sont pas encore des activités dominantes pour les populations dans le département, même si la l’on observe une croissance d’activité dans ces secteurs.

Place du PASP dans les activités économiques

Depuis 1971 le Port autonome de San Pedro a vu ses activités s’accroître et se diversifier avec une communauté portuaire crée en 1997 et qui s’agrandit de plus en plus. Une quarantaine d’entreprises et administrations concourent à l’activité du port, notamment des armateurs, des consignataires des navires, des agents maritimes, des manutentionnaires, des organisations de transport et des chargeurs, des industriels et prestataires divers (pilotage, remorquage, stockage, assurance, hôtellerie).

Plusieurs unités agro-industrielles de transformation du bois, du cacao, de l’hévéa, du palmier à huile se sont installées à San Pedro en raison de la présence du port qui facilite l’exportation de leurs productions. Dans le secteur de l’hévéa l’on a la SAPH, la SCASO, la SOGB et EXACT. UNICO, SACO, CHOCO IVOIRE interviennent dans la production de chocolat pour la consommation intérieure et l’exportation. Dans l’huilerie, la SIPEFCI et PALMCI occupent une place de choix avec de grandes plantations et unités de production industrielle.

Le port de San Pedro représente le premier port au monde exportateur de cacao. La Côte d’Ivoire, premier pays producteurs de fèves de cacao réalise en moyenne 1 300 000 tonnes.

La croissance des activités du PASP laisse de grandes perspectives et possibilités de développement pour le port lui-même, mais également pour le département et le pays. Le PASP a connu de 2012 à 2014 une croissance de 285%, passant d’un trafic de 1,2 millions de tonnes à 4,7 millions de tonnes.

Le projet d’extension du domaine portuaire sur 150 ha, la diversification de son trafic avec un terminal pétrolier, la construction de voies ferroviaires, le stockage et le transport de manganèse, de fer, et le développement de partenariats avec certains ports d’Afrique et d’Europe, laissent entrevoir une croissance exponentielle dans les prochaines décennies pour l’ensemble du Sud-ouest de la Côte d’Ivoire et pour toute l’économie ivoirienne.

Le secteur touristique déjà prometteur va également connaître une embellie, grâce à ce potentiel économique que représentent l’activité portuaire, l’agro-industrie et la réouverture de l’aéroport de San Pedro. Les belles plages de Monogaga (San Pedro), de Dawa (Grand-Béréby) et l’important dispositif hôtelier, sont déjà des atouts qui ont fait connaître le département à de nombreux touristes dans un passés récents.

En définitive, le foncier rural, lié à l’afflux de populations allochtones et étrangères, reste un défi majeur à gérer pour créer un climat de plus grande confiance pour l’ensemble des opérateurs économiques et les populations de San Pedro. Cela contribuera à faciliter la réalisation des grands projets du gouvernement si les cadres de la région savent s’unir autour des enjeux économiques et sociaux, au-delà des clivages politiques, et ethniques.

San Pedro peut être un grand laboratoire de l’émergence de la Côte d’Ivoire si tous les projets annoncés commencent maintenant la phase active de leur réalisation.

La construction d’un tribunal, d’une prison, d’une université, d’un centre hospitalier universitaire (CHU) avec en plus une voirie entièrement refaite et étendue, donneront à la métropole de San Pedro le visage que le second pôle économique du pays mérite d’avoir.

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