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Le groupe Mandé ou Mandingue

Dans le Nord-Ouest et l’Ouest de la Côte d’Ivoire, nous rencontrons la zone Mandé; elle-même scindée en Manding ou Mandé du Nord ( Bambara, Dioula, koyaka, Mahouka) et en Mandé du Sud (Dan, Gouro, Gagou). Hors de la Côte-d’Ivoire, les Manding occupent d’immenses étendues, soit une fraction du Burkina Faso, la majorité du Mali, la moitié de la Guinée, presque toute la Gambie et de larges secteurs de la Sierra Leone et du Sénégal.

Les Mandé du Sud occupent toute la frange forestière, en Guinée, au Libéria et jusqu’en Sierra Leone.

La classification faite au sujet des diverses ethnies que l’on rencontre dans l’Ouest et le Nord-Ouest de la Côte-d’Ivoire, et que l’on regroupe habituellement sous le nom de Mandé est une classification d’ordre purement linguistique; car ces peuples parlent effectivement des langues dont la parenté est certaine . En dehors de ce domaine linguistique, ce regroupement n’a cependant aucune valeur pratique dans la mesure où il met en présence des peuples de cultures et de traditions différentes; en effet il ya des millénaires, tous ces Mandé ont joué en commun un rôle majeur pour la civilisation Ouest-Africaine, contribuant à diffuser successivement l’agriculture, le fer et bien d’autres innovations capitales. Mais depuis lors, l’histoire les a fait tellement diverger qu’il n’est pas possible de les traiter en bloc.

Les deux grandes familles Mandés que l’on trouve en Côte-d’Ivoire sont d’une part les Mandé du Sud , les plus anciens, qui occupent les franges de la forêt; et d’autre part les Manding , qui sont des Soudanais typiques, liés aux grands empires médiévaux de la vallée du Niger.

HISTOIRE DES MANDES

Les Soninkés établissent l’Empire du Ghana, ou du Wagadou, à partir du iiie siècle. Entre le xie et le xiie siècle, le clan des Keita unifie les peuplades mandingues. puis au début du xiiie siècle, ils construisent l’Empire du Mali sous la direction de Sundjata Keïta qui les libère de la domination du Royaume de Sosso de Soumaoro Kanté et proclame la Charte du Manden. Les Mandingues ont constitué de nombreux royaumes qui ont perduré jusqu’à la fin du xxe siècle avec la colonisation européenne, parmi les plus connus :

Les royaumes bambaras de Ségou et de Kaarta, au Mali.
Le Kaabu, entre le Sénégal et la Guinée-Bissau.
Le Royaume de Diarra, entre la Mauritanie et le Mali.
Le Galam, ou Gadiaga, au niveau du fleuve Sénégal.
Le Khasso, à l’ouest du Mali.
Le Niani, Woulli, Bambouk, dans le Sénégal oriental.
Le royaume du Wassolo, de la Guinée au Burkina Faso.
Le Mandé est considéré comme le pays d’origine des Mandingues, au sud du Mali. Les Malinkés, ont donné naissance à de nombreux groupes mandingues: Les Bambaras, les Soussous, les Khassonkés, les Diakhankés, les Dioulas.

LA RELIGION

À l’origine les Mandingues pratiquaient tous la religion traditionnelle. Entre le viiie et xe siècles, les Soninkés sont les premiers Mandingues à se tourner vers l’islam, en particulier ceux de la noblesse de l’Empire du Ghana. Ce sont les commerçants Arabo-Berbères venus du nord, qui apportèrent l’islam chez eux. Durant l’empire du Mali, Soundjata Keïta se convertit à l’islam, entraînant ainsi la conversion de nombreux groupes malinkés. Mais l’islam restait encore la religion des nobles. Avec l’islam naîtront des communautés mandingues maraboutiques en particulier les Dyula et les Diakhankés. Cependant la religion traditionnelle d’origine reste bien plus pratiquée, par la majorité des Mandingues, jusqu’au xixe siècle, où le prosélytisme des musulmans envers ceux pratiquant la religion traditionnelle, se fait de plus en plus ressentir. Aujourd’hui la quasi-totalité des Mandingues sont musulmans, mais selon les divers groupes, les rites et les croyances traditionnelles ont plus ou moins été conservés.

Dans la religion traditionnelle mandingue, Dieu est appelé Maa Ngala. Dans la religion traditionnelle, Dieu étant trop élevé pour l’invoquer directement, les ancêtres et les esprits sont les entités auxquels les prières sont adressées; ils constituent les intermédiaires entre dieu et les hommes. Dieu est présent dans la totalité de la création. Chez les Mandingues, les Komotigui sont les hommes ou femmes ayant atteint les plus hauts niveaux de la connaissance spirituelle. Pour devenir Komotigui, l’initiation est une condition sine-qua-non. Selon les différents groupes initiatiques, comme celle du Komo ou du Nama, la durée de l’initiation est plus ou moins longue. En général il s’agit d’un cycle de sept fois sept ans, puis d’un nouveau cycle de même durée. Pour bénéficier des bienfaits de la création, le respect des interdits, l’hommage à Maa Ngala. Prières, offrandes aux entités intermédiaires (ancêtres et esprits), individuellement, en famille, ou lors des différentes cérémonies religieuses, sont les actes qui ponctuent la vie spirituelle mandingue. L’homme n’est pas considéré en tant que tel s’il n’est pas passé par le rite de la circoncision. Dans la spiritualité traditionnelle, il n’y a pas de séparation entre la spiritualité et le profane, tout est régi selon les lois spirituelles, de la naissance qu’à la mort, où l’âme de l’être ayant été exemplaire sur terre rejoint le monde de Dieu et des ancêtres. Chaque famille est reliée à un animal totem, chose qui entre dans le cadre du respect aux êtres, créatures de Dieu possédant la parcelle divine. C’est selon les classes d’âge Ton, que l’ont apprend les divers aspects de la vie et les règles de vie, toujours selon les règles spirituelles, afin d’être un individu accompli dans la société.

REPARTITION

Le groupe mandingue regroupe un ensemble culturel qui compte 27 variantes dialectales classées en deux groupes :
Mandingues occidentaux : Sarakhollés ou Soninké, Mandingues du Sénégal oriental (Mandingo), Badibunke du Kombo (Gambie), Pakawunke du pays de Sédhiou (Sénégal), Woyinké du Kaabu (Guinée-Bissau)…, Mandingues orientaux : Bambaras et Khassonkés du Mali, Malinkés de Guinée et Malinkés( Odiéneka, koyaka, mahoca, Mangoro, Dioula taboussi, Dioula Konga etc.) de Côte d’Ivoire. Les Malinkés de Côte d’Ivoire, sont comme des Bambaras, ils sont aussi appelés Dioulas, ce qui veut dire commerçant chez les Mandingues. Les Malinkés sont présents en Sierra Leone et au Libéria, mais ils y sont peu nombreux.

Les Malinkés de l’est du Sénégal sont les Diakhankés. Ils sont installés dans le territoire actuel du Sénégal depuis plusieurs siècles. Au Sénégal, les Mandingues, qu’ils soient Soninkés, Malinkés, Bambaras, etc., sont appelés Sossés par les Wolofs et les Sérères. Les Jalonkés sont présents en Guinée.

Les Malinkés et les Bambaras parlent la même langue, mais certains mots diffèrent. Leurs chasseurs sont appelés les Donsos.

LES LANGUES

La langue mandingue fait partie des langues mandées parlées par plus de dix millions de personnes réparties dans une quinzaine d’États d’Afrique de l’Ouest.

Outre la langue, les Mandingues partagent un corpus culturel commun comprenant :
– Une religion où le sacré est omniprésent
– Une société de tradition orale

LITERRATURE ORALE

Dans les sociétés mandingues, une grande part de la culture s’est constituée, diffusée et transmise sans recours à l’écrit, par le biais de la tradition orale. Il en a résulté une littérature orale comprenant de nombreux genres différents. On y trouve des épopées de divers types, certaines semi-historiques comme l’épopée de Soundiata. Certains longs récits sont de véritables romans d’amour comme celui de Lansinet et Soumba

ORGANISATION SOCIALE
Il existe deux groupes de Mandé qui sont les Mandé les Mandé sud.

Les Mandé du sud
Hormis les Gagou et les Ngan, les Mandé du sud peuvent être considérés comme des sociétés patrilinéaires. En effet, les Gagou présentent des traits de bilinéarité. Dans le cas des ngan, il existe treize clans matrilinéaires regroupant tout individu d’origine ngan par sa mère. La parenté patrilinéaire était le cadre privilégié des activités de productions surtout pour les biens de consommations courante.la parenté matrilinéaire intervient davantage dans le processus de circulation des biens de prestiges matrimoniaux.

L’unité d’appartenance la plus vaste chez les Mandé sud est ce que l’on peut appeler « tribu ». Pour les Dan, on peut parler de microsociétés politiques groupés autour d’un clan aîné et de son patriarche au pouvoir juridico-religieux plus symbolique et idéologique que matériellement contraignant.

Organisation sociale des Mandé du nord
Il regroupe les différents groupes Malinké et Dioula, peuples commerçants qui marqueront l’histoire de cette région. Chez les Mandé du nord, la descendance, le statut social, l’héritage et la succession sont régies suivant les règles du régime patrilinéaire. La famille patriarcale bien attendue la « Lou » des Malinké rassemble autour d’un patriarche « FA », ses frères cadets et ses fils, leurs épouses et leurs captifs, quelques clients et des étrangers en voie d’assimilation. Le lignage est généralement regroupé dans l’un des nombreux quartiers, des gros villages. Ainsi cohabitent des lignages appartenant à des clans différents. Dans le cas du mariage, il peut s’opérer entre lignages différents. Mais à l’intérieur d’un même clan, mariages entre cousins croisés est de préférence. Le frère d’un défunt épouse la veuve et seuls les hommes âgés pratiquent la polygamie.

Au sein de la famille patriarcale, la fonction du chef « FA » passe d’aîné au cadet. Le « FA » gère les biens du « LOU »( la cour) et distribue les tâches. Il veille au maintien de l’ordre. La société Mandingue est aussi composé d’hommes libres ou « horon », de captifs ou « djon » ou de castrés ou artisans.

Traditionnellement il s’agit d’une société :
– De castes comprenant : les nobles, les hommes de caste (les griots, les forgerons, les cordonniers) et les captifs
– De clans se définissant par un patronyme, un ancêtre, une devise et un interdit.

PATRONYME

Les patronymes mandingues courants sont :Condé, Kaba, Keïta, Konaté, Ouattara, Koté, Traoré, Cissé, Kébé, Camara, Ira, Yra, Konté, Coté, Soumah, Fatty, Touré, Kanté, Koné, Coulibaly, Sakho, Diarra, Sissoko, Cissokho, Souané, Guirassy, Berthé, Doumbouya, Soumaré, Diakhaby, Sylla, Fadiga, Diawara, Koita, Doucouré, Dramé, Minté, Bathily, Fadiga, Diakité, Diomandè, Sidibé, Sangaré, Dembélé, Kamissoko, Bagayogo (Bagayoko), Bayo, Doumbia, Sané, Sawané, Sima, Diaby, Fofana, Danfa, Djitté, Sano, Dramé, Mandiang, Darry, Youla, Minté, Gassama, Gnabaly, Mané. Il en existe encore plus d’une dizaine. On retrouve ces patronymes chez toutes les communautés formées par les Mandingues qu’ils soient francophones, anglophones ou lusophones. Quelques autres patronymes moins courants sont néanmoins portés par des descendants de chefs : Aïdara en Côte d’Ivoire notamment (Malinkés) et au Sénégal; le nom Aïdara est d’origine maure.

Les classes maraboutiques, appelées Maninka Mori et Mandé Mori (« marabout du Mandé »), portent en général les noms suivants : Kaba, Touré, Cissé, Dramé, Dabo, Diané, Berété (équivalent de Souané au Sénégal), Sakho, Sylla. Ils sont tous issus des Soninkés.

Les Griots, appelés Dyeli, portent souvent les noms : Cissokho, Kouyaté, Diabaté, Kamissoko, cependant ces patronymes se retrouvent souvent au travers de nombreuses castes.

Les soussous soumahoro en venant en Guinée ont pris Soumah pour garder le lien familial avec Soumahoro kanté leurs ancêtres.

Ouattara équivaut à Yattara en Guinée

Les individus de la caste des Nyamakhala (artisans), plus particulièrement les forgerons, portent les noms : Kanté, Diankha, Fané.

Les nobles Horo, portent en majorité les noms : Aïdara, Doumbia, Fakoly, Kaba, Condé, Keïta, Konaté, Diarra, Bathily, Sissoko,Traoré, Sokhna, Bakhayokho (Bagayoko), Sinayoko, Kébé, Dramé, Sylla, Niakhaté, Diagouraga, Minté, Soumaré, Souané (équivalent de Berété au Mali)].

La fréquence des noms, par rapport aux castes, ne peut pas réellement indiquer l’origine de ceux-ci, car chaque patronyme peut se retrouver dans toutes les couches sociales.

De nombreuses familles appartenant aux ethnies voisines ont intégré au fil des siècles le monde Mandingue, et vice-versa. C’est ainsi que l’ont peut remarquer des familles Mandingues portant des patronymes d’origine Wolof (Ndiaye, Diop, etc.), Peulh (Diallo, Diakhité, Sangaré, Sidibé etc), ou Mossi (Ouédraogo).

LE SANANKOUYA

Le Sanankounya ou Sounangouya est un système de cousinage, une forme « d’alliance » qui jouait le rôle de « pacte de non agression » entre les composantes de l´empire du mandingue sous Soundjata Keita. Tous les clans Mandingues étaient concernés par cette alliance dont l’origine part de la vallée du Nil et s´étendait à tous les royaumes de cet empire du Mali ou aussi empire du Mandingue, sous le règne de Soundjata Keïta. Le vrai but de ce pacte était d’éviter les affrontements, conflits, les guerres et aussi de calmer les tensions mêmes internes.

Le Sanankouya est beaucoup connu sous le nom de « parenté à plaisanterie », obligeant les différents clans à l’assistance, l’entraide, le respect réciproque, mais leur permettant aussi de se critiquer, de se taquiner. Ces alliances existent par exemple entre les clans Traoré et Diarra, entre les Keïta et les Souané, ou entre les Keïta et les Coulibaly. Le Sanankouya s’applique également entre deux membres d’ethnies différentes. Les Mandingues et les Wolofs entretiennent ce lien, il en est de même avec les Peuls. Les interdits du sanankouya étaient de faire ou de voir souffrir, de verser ou de faire verser le sang de son sanankou.

LES DIFFERENTES FETES CHEZ LES MANDES

Dioula (Bondoukou, Bassawa, Kong, Foumbolo, Satama-Sokoura, Satama-Sokoro, Ouango-fitini): Tchologo (Mars)

Gbin (Odienné, Tengréla): Fête des bénédictions à Goulia (Janvier); Kodjone à Bako (Mars); Konam (Septembre); Adoration du mont Kani (Novembre)

Malinké (Bako, Boko, Borotou, Dualla, Djiborosso, Guintéguéla, Koonan, Kani, Kaniasso, Mankono, Madinani, Ouaninou, Odienné, Séguéla,Tengrela, Samatiguila, Sarhala, Téningboué, Tienko, Touba, Worofla.): Fête annuelle du Mahimorisson (Mars); Fête annuelle de Ko-Djone (Mars) ; Konam (Septembre) ; Fêtes de Konam (Octobre)

Yacouba ou Dan (Logoualé, Man, Danané, Biankouma, Bin-Houin, Zouan-Ouhien, Zéal, Fakobly): Le Yablé : Fêtes des Ignames (Fevrier); GBA : Luttes, Jeux et Concours de masques (Février) Fête de l’Otchandy : Fête des centenaires (Février) Gbanin : Fête des circoncisions (Juillet) GBA : Jeux, Luttes et Courses (Juillet)