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Le Bir, une danse rituelle en pays lobi

Le Bir est à la fois une danse et un rituel pratiqué en pays lobi, un peuple vivant dans la région du Bounkani (Nord-Est) et qui, ayant subi de nombreuses mutations liées au modernisme, tend à se désacraliser.

Le Bir signifie en lobiri « la danse de la divinité « . Originellement, souligne-t-on, il revêtait un caractère sacré et était en principe exécuté par les initiés mystiques appelés » Djorobè ». Les Djorobè, hommes comme femmes, l’exécutaient à des périodes précises de l’année après de nombreux sacrifices visant en avoir la permission préalable.

« Dans l’ancien temps, c’était après les récoltes de mil que l’on pouvait s’adonner au Bir. Mais seuls les fétiches devaient nous autoriser à danser ou pas. Sinon, si nous le faisons sans leur accord, il pouvait s’abattre une calamité telle que la famine ou la sécheresse sur la communauté », révèle un initié, le doyen Dah Sansan Alfred.

Aussi, note-on que c’était au cours de cette danse que les personnes souffrant d’un mal profond telle la stérilité, proféraient des paroles pour conjurer tout mauvais sort et elles obtenaient satisfaction quelques mois plus tard, d’où son aspect rituel.

Le Bir se danse en couple homme et femme sous un air frénétique animé par des balafonistes. Les danseurs s’invitent donc autour des instrumentistes dans un battement saccadé de la poitrine, et en battant le sol de pas brusques et mesurés, puis regagnent leurs places au fur et à mesure.

Mais aujourd’hui, le symbole de cette belle orchestration qu’est le Bir, semble avoir perdu de son prestige et penche progressivement vers sa totale désacralisation. Selon des patriarches de la communauté interrogés sur ce phénomène, ceux-ci on indiqué que le rythme musical du Bir se joue de nos jours dans certains lieux de cultes religieux ce qui est contraire à la norme.

Pour eux, le manque de considération des valeurs culturelles dont fait preuve une bonne franche de la jeunesse Lobi s’inscrit dans l’occidentalisation. » c’est un mal qui ronge notre jeunesse », s’indignent-ils

« Aujourd’hui avec la modernité, bien de choses ont disparu. Les jeunes générations ont presque coupé tous liens avec les anciens, le Bir n’est plus le même. On le voit être dansé partout, n’importe comment et par n’importe qui! », a déploré l’ancien Dah Sansan Alfred.

Source: aip.ci

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