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Les Degba

Deg (ou Dega-Mo ou Mo) est une langue du Ghana et de Côte d'Ivoire. Le Deg est parlé par les Dega, peuple vivant dans le Nord Est de la Côte d'Ivoire dans le Gontougo, et dans le Centre Ouest du Ghana dans la région de Kintampo. Ils appartiennent au grand groupe Gur ou Voltaïques.

Les Degha font partie des minorités de ce grand ensemble et dont parfois négligés ou assimilés aux Gurusi au Ghana et aux Koulango ou Abron en Côte d’Ivoire. Une partie de ce peuple se retrouve aujourd’hui en Côte d’Ivoire dans trois principaux villages du département de Bondoukou qui sont Boromba, Motiamo et Zagala. Cependant plusieurs villages situés de l’autre coté de la frontière du Ghana parlent le Deg.Ce sont entre autres : Bondakiré, Adadiem et Dokechina. La grande majorité des Dega au Ghana réside dans la région du Brong-Ahafo. Selon les dernières statistiques Ghanéenne ils avoisinent environ 55 174 âmes.

Origines et historiques
Leur langue est Deg qui fait parti du grand groupe Gur (Gour) Ce groupe regroupe plusieurs langues :
Grusi, Sénoufo, Dagomba, Deg, Dagari, … et ils sont étroitement liés linguistement au Sissala, Tampulma, Chali en Général et en particulier à Vagla.

L’histoire nous dit que tous ces groupes vivaient ensemble et en parfaite harmonie dans le territoire Sissala et un jour, il ya eu une dispute entre les deux communautés sur la tête d’un chien après un rituel sur le Dieu de la terre « Teo ». Cette dispute engendra un sérieux conflit qui va entrainer la séparation et le déplacement de Dega vers d’autres terres un peu plus au Sud du territoire Sissala.

Où sont-ils installés
Les Dega sont un groupe linguistique minoritaire situés dans deux districts administratifs au Ghana :

Le district de Kintampo situé à la frontière Nord-ouest de Brong Ahafo et du district de Bole à la frontière Sud- ouest dans la région Nord.

Les deux districts sont séparés par la Volta Noire qui sépare également les deux grandes villes Dega qui sont dotées de chefs suprêmes. Nouveau Longoro (Maantukwa) et Bamboi (gbanboi).

Ce territoire situé presque sur le territoire Ashanti a été occupé par l’ensemble des Dega jusqu’à ce que le gouvernement colonial britannique décide de créer le territoire Nord en 1908 en utilisant la Volta Noire comme frontière naturelle sans tenir compte du faite qu’un groupe avait été divisé en deux territoires.

Cette délimitation a entrainé des tensions politiques locales, surtout entre Bamboi et New Longoro (maantukwa).

La même délimitation sera utilisée pour créer après l’indépendance la région de Brong Ahafo. Dega Hare (terre des Dega) est donc partagée entre le district de Bole dans la région du Nord et les districts de Wenchi et de Kintampo dans la région de Brong Ahafo.

Les Dega sont entouré à l’Ouest par des Nafaana, au Sud par des Bono et des Gonja au Nord. Ils occupent environ 1700 km² dans cette zone du territoire Ghanéen et compte environ 46 villages.

Certains Dega ont migré vers la région de Jaman et ont créé des villages comme Adadiem, Bonakiré et Dokachina. Un autre groupe s’est déplacé pour s’installer en Côte d’Ivoire dans le Gontougo (Bondoukou) dans les villages comme Dwoboi actuel (Boromba), Wireki (Motiamo) et Zagala. Ce groupe est très minoritaire en Côte D’Ivoire. C’est à tord qu’il est considéré comme faisant parti du peuple Koulango ou Bron.

Que signifie Degha
Selon les explications, le Dega signifie « multiplier », « propager rapidement» ou «fertilité ». Une personne issue du groupe dega est appelée Deg, la langue est également connue comme Deg et appellent leur terre Dega Hare (terre des Dega). D’autres groupes ethniques du Ghana les reconnaissent comme Mo et il y a trois théories derrière le nom Mo.

En 1893, les habitants de Nkoranza et Abease, dans la région de Brong Ahafo, alors dans le territoire Ashante, ont été attaqués par les Ashante suite au refus du chef de Nkoranza, Nana Kofi Fa de rendre hommage à Asantehene, Agyeman Prempe II. Les Dega étaient bien connus pour leurs exploits dans les guerres et les Nkoransa leur ont demandé de l’aide. Selon HJ Hobbs, le commissaire provincial par intérim du gouvernement colonial britannique, «Dans cette guerre, les Degas et les Abeases se sont battus pour les Nkoronza et les Banda pour les Ashante. Nkoronza et ses alliés ont été défaits à Sabulè un village Mo» Dega. Cette guerre a été confirmée par un rapport, qu’un missionnaire de Bâle a donné en 1894. Dans ce rapport il dépeint la situation de l’ensemble du district de Nkoranza. » La destruction des habitations, des morts, des villages en ruines, la majorité des personnes restées sur place n’ont pas de nourriture ni de quoi se vêtir. Un besoin urgent d’assistance s’impose, la situation est déplorable et triste, les personnes qui ont la vie sauve sont dans un dénouement total, dans une situation de désolation sans pareille ». Selon lui, « la raison qui a engendré ce conflit, c’est que les Nkoranzas ont refusé de payer le tribut annuel de 30 jeunes filles et de jeunes hommes ». Malgré que Nkoransa et ses alliés aient été défaits, ils ont envoyé un message de félicitations aux Dega en raison du rôle qu’ils ont joué dans cette bataille, en leur disant: « Mo, Mo, ​​Mo! », C’est à dire merci. Cela leur a valu le nom, Mofoo, un mot akan qui signifie littéralement, « Les gens qui ont bien fait ».

Doni-Kwame fait allusion au fait que le nom ‘Mo’ proviendrait du Pantera préfixe monoo. Les personnes Pantera qui se disent Nafana sont un groupe voisin des Dega dans la région de Brong Ahafo. Les Dega étaient célèbres pour la production de grands pots qui étaient vendus dans les marchés du Sud par les femmes Pantera. Ces femmes Pantera utilisaient des mots comme « Mpange, Mo, Maa », pour répondre aux salutations. Ce qui signifie: « Vous êtes les bienvenus. Je vous remercie, Madame. » « Mpange, Mo non». « Bienvenue. Merci père ». En raison de l’utilisation fréquente du mot « mo », les Akan ont évoqué leurs produits comme « Mo Kukuo », ce qui signifie pots Mo. Plus tard, quand c’est connu que, les Dega étaient les producteurs des pots, le nom a ensuite été utilisé pour les décrire, d’où le nom, Mofoo.

La troisième théorie est que le nom vient du mot Dega pour la Volta Noire, Moh. L’une des principales occupations des villages Dega le long de la Volta Noire est la pêche. Les femmes Deg porteraient le poisson vers les marchés de Kintampo, Techiman et Wenchi et lorsqu’on leur a demandé où elles ont obtenu le poisson, leur réponse a été « Yedefiri Moh. Sens que nous leur avons attribuée de Moh. Elles ont prononcé le nom du fleuve en Deg pour la Volta Noire parce qu’elles n’ont pas connu le mot Ashanti-Twi. Donc quand les femmes Akan ont vu les femmes Dega apportant du poisson au marché, elles ont pointé du doigt vers elles en disant: «Mofoo no de Adwene Reba », qui signifie : les gens de Moh apportent du poisson.

D’après une étude de recherche menée, la première théorie était la plus populaire La majorité des personnes interrogées ont répondu que leurs ancêtres ont obtenu le nom de l’aide qu’ils ont apportée à Nkoranza pendant leur guerre avec les Ashanti. Dans certains écrits, les deux noms sont utilisés comme MoDega pour décrire les personnes et MoDeg, la langue.

L’origine des Degha

Pemière version
Dega, comme on les appelle aujourd’hui, ont migré vers leur zone actuelle de différents endroits sous différents chefs ou leaders à différentes périodes. Chaque groupe a sa propre histoire de l’origine de sa migration. D’après les entrevues menées, certains ont migré de la terre de Sisaala, dans la partie Nord-ouest du Ghana, l’origine de cette migration, une dispute entre ce groupe Dega et les Sissala. Les ancêtres des Dega avaient un rite annuel au cours duquel les chiens sont sacrifiés à leur divinité de la terre. Les pattes et la tête ont été laissés sur le sanctuaire et l’on laissait croire que celui qui les mangeait aura les pouvoirs de la divinité. Les pattes et la tête sont donc généralement partagées entre tous les anciens.

Selon David Mensah qui est le Deg, le Sisaala a partagé la viande, mais il y avait eu une plainte du Côté Dega que l’aîné Sissala qui a fait le partage de la viande l’avait mal fait. Les Dega ont donc suggéré que la viande doit être à nouveau partagée, mais l’aîné Sissala accusé a contesté, et il mangea sa part. Ceux qui se sont sentis trahis ont commencé à le frapper et c’est ainsi que les conflits interethniques ont éclaté. L’histoire ci-dessus est confirmée par deux autres sources. En 1926, (Signé) R. Brace-Hall, qui était le commissaire de district de Gonja Ouest a écrit ce qui suit en ce qui concerne l’origine de Mo (Dega): The Mo (le Dega) [sic] sont des déplacés et proviennent de Sissala. Le temps mis pendant cette marche, du Sud jusqu’à ce qu’ils atteignent la Volta où ils se sont installés, à la suite de ce différend sur la tête de chien ne semble être connu.

Deuxième version
Le chef du clan Nandoman, Nomoa Kwakou Kyina, de Longoro, l’une des plus anciennes villes de Dega Hare (terre de Dega) a indiqué qu’un groupe a migré d’un village connu sous le nom de Tiwii dans Sisaala sous la direction de MAALA et PAAGO. Il raconta alors ce qui suit au sujet de l’origine de Dega » Nos ancêtres ont vécu parmi les Grusi dans une ville appelée Longoro. Ils n’étaient pas Grusi mais vivaient entre eux et parlaient leur propre langue, Deg. Nos ancêtres ont quitté les Grushies parce qu’ils exigeaient beaucoup d’eux. Quand ils ont déménagé au sein de la Sisaala, ils sont venus avec leur divinité de la terre, Téo, et ils adoraient ce dieu à qui, ils aimaient sacrifier des chiens et partager la viande avec les Sisaala. Lors d’un sacrifice, nos ancêtres ont laissé la tête et les pattes sur le vog (fétiche) et un Sisaala a pris la viande et l’a mangé sans permission. Cela a engendré un conflit sérieux qui a contraint nos ancêtres à quitter la terre de Sissala et de venir s’installer sur la zone actuelle.

Maala n’était pas Deg, mais était chef de terre de nos ancêtres quand ils vivaient dans le Sisaalaland. Pendant ce différend, il a offert ses services de médiateur, mais quand nos ancêtres ont décidé de partir, MAALA a décidé de partir avec eux. D’où (la signification, j’ai vu mes ennemis, Nandoma). Le clan Nandoma détient les pouvoirs de Teo, dieu de la terre (Hare VOG) et donc seul ce clan est habilité à effectuer tous les rituels. Certains de nos ancêtres qui ont migré sont: Kombo, Nandoma, Paago et Kwanben. C’est après que, nous nous sommes installés sur Degaland (Dega Hare avec Paago comme chef.»

Dans son livre, les peuples, les langues et la religion dans le nord du Ghana, Peter Barker affirme que les gens de Kasena sont souvent connus comme Grunshies, du mot grunshi ou grunga pour désigner les esclaves dans certaines langues nordiques, y compris Hanga. L’expression Grunshi largement utilisé par les Mamprusi et chasseurs d’esclaves Dagomba pour décrire les tribus de la région qui forment à l’heure actuelle les grandes régions de l’Est et surtout Upper West (l’Ouest de la Volta Noire où ils ont fait des raids répétés. Aucune de ces personnes n’a pu être décrite comme Grunshi, mais pour plus de commodité, elles sont venues à adopter le nom utilisé par leurs voisins à l’est et au sud « .

Comme un signe de respect, et d’appréciation envers Maala, vu ce qu’il a fait pour le peuple, Paago ôta toujours ses sandales avant de le saluer.

L’officier colonial britannique, a demandé pour des raisons de proximité, au Mohene (le chef Dega) de se déplacer vers le nouveau site, New Longoro (Maantukwa) puisque Longoro était loin de la route principale.

Koro KWAKU Damkwa a été le premier Mohene (chef Dega) à s’établir à New Longoro.

Un autre groupe est venu sous la direction de Jog ou Gbage de Jefisi également de Sisaala et va s’installer respectivement à Jogboi et Gbanboi (Bamboi).

Un troisième groupe, dirigé par Kpaah Djan, également déplacé de Jefisi va s’installe en Janvier et ensuite, déménager sur leur site actuelle, Jama.

Troisième version
Une autre version de cette histoire dit que Paago était le fils de Maala et il est devenu un chef par la conquête et les mariages mixtes. Cependant, Nnaa Kwame Adjei, le Hareti (propriétaire terrien) de Longoro a expliqué que Paago est mort comme un chef de clan, et le premier chef de Longoro (Longorokoro) à l’époque était DIMPO.

Il croit aussi que Maala n’est pas mort, mais a disparu dans un trou dans Manchala. Une chambre avec un toit plat a été construite sur ​​le trou où l’on croit que Maala a disparu. Et tout nouveau chef suprême pénètre dans la chambre pieds nus pour se montrer à Maala.

Selon la tradition orale, les groupes qui sont venus à partir de Sisaala ont trouvé des gens de Kandige et Chebrenyoa qui vivaient déjà sur le site. Les habitants de Kandige disent que leur ancêtre et fondateur, Weripi, est venu par la Volta Noire dans un bateau de fer.

Ceux qui sont en Chebrenyoa croient que leurs ancêtres ont émergé à partir d’un trou à Karampodera mais a déménagé à l’emplacement actuel en raison du manque d’eau. D’autres groupes des clans Tekyi et Damkwa ont également rejoint le Dega plus tard. Ceux de la lignée Takyi sont Gonja ils sont restés sous la domination de Longoro quand ils ont rejoint les Dega. Tekyi et sa sœur, Wurikye provenaient de Kosogwo dans le Gonjaland (terre de Gonja) à Bewela, et a ensuite continué son périple à Longoro où ils ont d’abord été reçus par le Brafokoro (le bourreau en chef). Pendant leur séjour, l’Ashantihene (le roi ashanti) avait envoyé pour recueillir de la poudre d’or et des esclaves aux Dega. Ceux-ci n’en avaient pas. Wurikye a donné un peu de sa poudre d’or et un esclave à payer comme tribut à Ashantihene. Comme ce geste a continué de temps en temps, Tekyi et Wurikye ont demandé, ce qu’ils recevraient en retour et comme réponse, ils ont été admis à faire partie de la dynastie Longoro. Ils sont aujourd’hui le clan Leera des Dega. La lignée Damkwa est venue avec leur ancêtre, Golo-Maala, à partir de Felenyoa dans le pays Sisaala et ils ont reçu un endroit pour vivre. Ils se sont révélés être de bons amis et utile et elle a offert une assistance spéciale à la dynastie Paago. En guise de remerciement, on leur a offert une part de du pouvoir et l’on leur a dit que si, l’on leur demandait d’où est ce qu’ils détenaient ce pouvoir ? Ils devraient répondre tout simplement que « Un ami nous l’a offerte», d’où le nom « damkwa», ce qui signifie «choses pour mon ami » ». Nnaa Adjei a expliqué que les Dega n’étaient pas nombreux. Mais, ils ont ouvert leurs Bras à d’autres peuples étrangers. Chaque fois que des peuples se sont révélés être bons, ils sont acceptés dans la communauté Dega. C’est ainsi que les peuples adoptés sont devenus des groupes Dega.

Le Dega eux mêmes ne sont pas en mesure de déterminer la date de leur migration depuis l’arrivée des différents groupes à différents moments. Toutefois, les Vagla qui s’installent d’abord à partir de Sisaala après la saga de la tête du chien, vont migrer vers 1600. Le commissaire provincial par intérim du gouvernement colonial britannique, H J Hobbs, a écrit Les MO sont Grunshi et ont émigré de Twei, Grunshi au Nord Asanti, au moment où Osai Bonsu était roi des ashantis (Asantihene). La raison de leur migration était une querelle entre Maala et Dakora qui s’est développée dans un combat entre eux et leurs partisans respectifs. Le roi des Ashantis, Nana Osei Bonsu, a régné de 1800 à 1823 et selon Hobbs, les ancêtres des Dega auraient migré vers leur emplacement actuel à partir de cette date. Le rapprochement des deux dates signifie qu’il ya eu une période d’environ 200 ans entre la migration des Vagla et Mo. Toutefois, les indications de l’histoire orale suggèrent un laps de temps entre leurs migrations. Pendant ce temps, les structures politiques et sociales de Dega Hare ont commencé à subir quelques changements car ils interagissent avec les ethnies voisines.

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