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Présentation de la forêt sacrée de Zaïpobly

Le village de Zaïpobly est situé au Sud-Ouest de la Côte d'Ivoire sur l'axe Guiglo-Taï, à environ 9 km de Taï, dans la périphérie Ouest du Parc National de Taï. Il possède une forêt sacrée appartenant au bloc occidental du centre d'endémisme floristique Guinéo-Congolais dont la végétation originelle est constituée de forêt dense humide sempervirente à Eremospatha macrocarpa et à Diospyros mannii (Guillaumet et Adjanohoun, 1971).

La forêt sacrée de Zaïpobly a une superficie de 12,30 hectares et est séparée en deux blocs par l’axe Guiglo-Taï. C’est une forêt secondaire bien conservée. On y distingue trois strates :
– Une haute strate, constituée de grands arbres. Les espèces dominantes sont entre autres, Piptadeniastrum africanum, Parinari excelsa, Erythropheum ivorense, Nauclea diderrichii, Samanea dinklagei. Certains de ces arbres (Piptadeniastrum africanum, Parkia bicolor) jouent un rôle écologique de premier plan pour l’écosystème forestier à cause de leurs larges couronnes et de leur relative facile dispersion (HAWTHORNE, 1995).

– Une strate moyenne constituée d’arbres de taille moyenne que dominent : Myrianthus arboreus, Monodora myristica, Maesobotria barteri etc.
– Une strate basse constituée de diverses Marantaceae et de jeunes plantes.

Localisation du Parc National de Taï et du village de Zaïpobly

Le sous-bois est constitué de quelques Poaceae et Cyperaceae forestières (Guaduella oblonga, Mapania sp.) Les arbres portent de nombreuses espèces grimpantes ou épiphytes telles que Culcasia spp. Quelques espèces lianescentes (Calycobolus africanus, Manniophyton fulvum) s’enchevêtrent dans les basse et moyenne strates. A première vue, cette forêt abrite une diversité floristique assez intéressante. Elle contient plusieurs espèces endémiques du Sud-Ouest ivoirien dites Sassandriennes (Hunteria simii, Chrysophyllum taiense). En outre, elle abrite de nombreuses espèces menacées d’extinction telles que Garcinia afzelii, Milicia excelsa (AKE ASSI, 1998 ; CHATELAIN et al., 2001) ou rares telles que Uvariodendron occidentale, Drypetes pellegrinii (HAWTHORNE, 1995 ; BELIGNE, 2000). Elle abrite aussi des caféiers sauvages qui constituent au plan génétique, des ressources importantes pour l’agriculture : Coffea ebracteolata, C. canephora, et C. humilis qui est une espèce endémique stricte (LAUGINIE, 1992).

La forêt sacrée de Zaïpobly, réservoir de ressources génétiques. Ici, un pied de caféier sauvage, Coffea humilis, espèce endémique stricte de la zone de Taï.
La forêt sacrée de Zaïpobly a été longtemps préservée grâce à l’autorité du Kwi, instrument efficace de police et de justice coutumières. Aujourd’hui, sous l’effet conjugué de la pression démographique, la pauvreté, la rareté des bonnes terres cultivables et de la mutation progressive des mentalités, l’autorité du Kwi, sans être remise en cause, montre ses limites dans la conservation de la forêt sacrée de Zaïpobly. Les communautés villageoises de Zaïpobly sont de plus en plus sensibles aux contraintes qui pèsent sur la conservation de leur forêt sacrée.

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